Sélection de l'habitat et organisation sociale de l'éléphant de forêt, Loxodonta africana cyclotis (Matschie 1900), au Gabon

Couverture
L’éléphant de forêt africain se différencie de l’éléphant de savane par plusieurs caractères morphologiques, écologiques et moléculaires. Contrairement à ce dernier, il a été très peu étudié, bien qu'il soit menacé par la chasse et la destruction de la forêt primaire. Nous avons entrepris une étude de la biologie de cet animal, en profitant de deux sites naturellement ouverts au sein de la grande forêt, à savoir une zone de savanes, marais et bosquets à la Lopé, et une clairière riche en sels minéraux à Langoué. À la Lopé, nous avons analysé le choix des habitats par les animaux en recensant les nouvelles fèces produites chaque mois sur des transects établis dans les quatre principaux milieux. La forêt à Marantaceae et les marais en savane sont les habitats les plus utilisés par la population locale, mais alternativement au cours de l’année. L’identification des individus sur un circuit standardisé montre que la savane attire presque exclusivement les femelles accompagnées de leurs jeunes et les jeunes mâles indépendants, en jouant probablement le rôle de zone de nourrissage. Cependant, le suivi de quatre femelles adultes par télémétrie GPS montre que, si la zone de savane est importante à l’échelle de l’année et des saisons, les animaux utilisent également les différents types de forêt, en effectuant des allers-retours entre ces deux types de milieux. La phénologie des arbres indique que les animaux utilisent les habitats de plus en plus ouverts à mesure que les fruits se raréfient en forêt. Par contre, deux femelles et deux mâles adultes, suivis par télémétrie GPS dans une région uniquement forestière à Langoué, effectuaient des déplacements entre deux zones fixes de leur domaine individuel : la clairière ou « bai » et une zone principale d’alimentation. Le bai était surtout utilisé par la population résidente pour la consommation de sels minéraux, mais il servait aussi de lieu de rencontre entre individus, surtout les mâles adultes qui établissaient ainsi une hiérarchie entre eux. Les déplacements et les domaines vitaux des huit individus suivis sur les deux sites ont été comparés aux autres travaux effectués sur les éléphants de forêt et de savane. Chez cet animal, les associations entre femelles adultes sont peu fréquentes. En forêt, l’unité sociale la plus stable est composée de la mère et son jeune dépendant; en savane elle groupe le plus souvent deux femelles adultes et leurs jeunes dépendants. Cela diffère donc de l’organisation sociale de l'éléphant de savane d’Afrique et de l'éléphant d’Asie

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