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BRITISH

24 AP 76

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Cabestany. - Elne. - Vallée de Suréda.

Vendres.

- Collioure. - Port

La route qui mène à Port-Vendres passe, en sortant de Perpignan, sous la colline de Saint-Roch, vulgairement désignée, depuis un demi-siècle, sous le nom de camp de l'Union, et elle laisse à environ deux kilomètres le petit village de Cabestany, dont le nom indique l'extrémité d'un étang desséché.

Le seigneur de ce village joua un rôle bien pitoyable dans le drame le plus horrible que nous ait légué la légende des troubadours. Qui ne connaît les amours de Guillaume de Cabestany et de la châtelaine de Roussillon, sa voisine, l'atroce jalousie du sire de Roussillon, la fin tragique du troubadour, son cœur servi à la table de la dame Saurimonde, les fières et belles paroles de cette dame et son saut par la fenêtre. Il est dur, hélas! de revenir de ses illusions; il le faut bien pourtant : le cri de la vérité l'emporte, et, l'esprit bien humilié, nous devons avouer, nous qui nous étions presque constitué le champion de l'aventure, que nous avions été, comme tant

d'autres depuis six siècles, la dupe d'une insigne mystification, fort bien ourdie d'ailleurs. Nous avions bien reconnu et proclamé déjà que les amours de Guillaume étaient un peu singulières, puisque Saurimonde ne pouvait pas avoir moins de quarante ans quand son cœur s'était montré si faible et l'écuyer si entreprenant; mais nous devons laver aujourd'hui la noble dame et l'audacieux troubadour de toute iniquité, car il est bien constant, par les pièces des anciennes archives du pays, que Saurimonde a survécu à son mari au lieu de le précéder au tombeau. Or, avec cette seule circonstance croule toute la pathétique aventure au moyen de laquelle le malicieux Raymond de Miravals avait fait verser tant de larmes aux belles châtelaines de son temps 1.

A quatre kilomètres environ de Cabestany, sur le bord de l'étang de St.-Nazaire est le village de même nom, près duquel existe une tombelle ou tumulus, désignée dans le pays sous le nom de munt de la terra, et à laquelle se rattachent des souvenirs superstitieux de fantômes et de sorcières : c'est apparemment pour tranquilliser l'esprit alarmé des populations voisines, qu'on avait bâti sur cette butte une chapelle dont il ne reste plus que quelques décimètres de murailles au-dessus du sol.

A neuf kilomètres de Perpignan, la route traverse le petit village de Cornella-del-Bercol. A la distance d'environ un kilomètre avant d'arriver à ce village, le voyageur a vu à sa gauche la commune de Théza, dans le mur de l'église de laquelle

1 Cette historiette, si conforme à celle du sire de Coucy et d'autres contes de jongleurs, a eu, dit le savant Raynouard, un type commun qui a fourni divers récits.

:

est

sont enchâssées deux inscriptions romaines, dont l'une ne consiste plus que dans les sigles D.M. avec le mot RUSTICA en seconde ligne le reste a été détruit, à l'exception des lettres IDID, gravées sur les côtés. Sur la seconde pierre on lit les mots EVHANGELUS ANNOS XXX. SER. MERCURIO V. S. L. M. A environ cinq kilomètres de Théza, non loin de la mer, la commune de St.-Cyprien, près de laquelle existe une butte de terre dont le diamètre supérieur, d'environ cinq mètres, est environné de restes de murailles en pierres écarries, avec un puits maçonné, reste d'une de ces vieilles tours seigneuriales qu'on désignait en français sous le nom de châteaux de la motte, à cause de l'amoncellement de terre qui les supportait.

Le voyageur ne doit pas manquer de visiter le cloître de l'ancienne cathédrale d'Elne, commune qu'on trouve à douze kilomètres de Perpignan.

sage

Elne, dont le nom vient d'Hélène, mère de Constantin, parce que les enfants de ce prince, ou ce prince lui-même, auraient restauré la ville d'Illibéris, déjà ruinée au premier siècle de notre ère, se trouve citée par Tite-Live à l'occasion du pasd'Annibal qui campa sous ses murailles. Quelques sarcophages en marbre de la basse antiquité, sont les seuls vestiges qui restent de cette ville. Constituée capitale du pays par ses restaurateurs, au préjudice de Ruscino, la ville d'Elne obtint le siége épiscopal, qui aurait dû être érigé dans cette même Ruscino, où il n'y eut jamais d'évêque, quoi qu'en aient dit quelques écrivains, leur erreur provenant de ce que la cité d'Elne, qui à ce titre de cité étendait sa juridiction sur tout le pays, a pris quelquefois le nom de Rosciliona, et son église l'épithète de Rossilionensis, ainsi que l'a très bien prouvé le savant Pierre de Marca.

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